ça a recommencé.
La chute, inlassablement
Alors ça a recommencé...
L'alcool à outrance, la chair qui s'explose en tombant sur le bitume, le sang à la place des larmes, les larmes pour nettoyer tout ça, l'épaule d'une amie. Cette Amie sans qui je ne me vois plus vivre.
Un peu plus de bordel, toujours plus.
L'inquiétude pour des proches.
Le manque de nourriture accumulé.
Le manque de sommeil.
Le manque d'amour
Le manque d'envie.
La trouille putain, la trouille de tout devoir recommencer encore une fois.

Alors dans ces cas là, j'préfère fermer la porte, tout doucement, m'enfermer à l'intérieur, et chialer dans le noir.
Le temps que ça passe.
Je sais pas combien de temps chui restée là, assise , à chialer avec ma main toute abîmée.
Et au moment où j'me suis dis, fini les conneries, je me relève, c'est mon corps qui a dit stop.
Un gros stop en pleine gueule.
La vue qui se brouille, au point de ne plus rien voir, tout qui se met à trembler, le sol qui se dérobe , le coeur qui se met à battre vite, si vite, trop vite, j'ai beau lui ordonner de freiner, il accélère encore le con, l'envie de vomir, le mal de ventre, la respiration saccadée, les tremblements, les spasmes,

"bulle, assieds toi avant de tomber"
alors c'est ce que j'ai fait, j'ai écouté ma conscience et je me suis assise, j'ai bien fait car 2 minutes après je n'étais plus là.

J'ai d'abord vu le visage de l'amie en question, puis de tout ceux qui m'entoure, puis de tout ceux que j'ai croisé.

J'me suis sentie flotter, avec des images qui défilaient dans ma tête. Me répétant que j'allais crever là comme une conne à côté de mes toilettes. Illustration parfaite de ma vie sans intérêt.

Tu m'diras ça aurait été pratique, il aurait suffit de jeter mes restes au fond du trou et de tirer la chasse.

Adieu Bulle. Adieu

Mais nan tu parle t'as toujours ce réflexe à la con, ce réflexe pourri d'humain pleurnichard qui te fait te mettre à chialer parce que crever bah ouais putain ça fout la trouille

J'ai rouvert les yeux, chui restée là encore au moins 10 minutes à pas pouvoir bouger, comme paralysée, à m'entendre murmurer « qu'est-ce qui m'arrive putain, qu'est-ce qui m'arrive, aidez moi »

quand j'ai réussi à tenir à peu près debout, j'ai débarqué chez mes proprio, comme on s'accroche à une bouée de sauvetage, elle n'a absolument pas compris mon charabia, elle m'a vu là tremblante et morte de trouille, comme un gamine qui se serait perdue .

Comme ces pauvres gosses qu'on fout dans des bateau et qu'on envoi seule a parfois 4 ou 5 ans dans un pays inconnu.

Elle a été cherché son mari; Mossieur est médecin.

Il m'a dit que j'avais l'air épuisée autant nerveusement que physiquement et que si j'continuais comme ça j'allais finir très mal.

Je suis repartie, la ptite ordonnance dans ma main toujours écorchée, honteuse comme jamais de m'être mise à nue devant mes propres propriétaires. Je n'avais rien dit pourtant mais je me suis quand même détestée; me traitant intérieurement des mots les plus rabaissants qui existent.

Puis, Ma Mère est venue à mon secours, ne comprenant rien de l'état de sa fille qui de toute façon était muette et ne se voyait pas comment expliquer ce qui n'allait pas.

Je voulais pas faire du mal à une mère déjà inquiète qui pense juste que je fume trop et mange peu parce que mes cours me stress au plus haut point.

Je voulais pas briser le coeur d'une maman en or qui est envahit de tout les fantômes de cadavres qu'elle a du enterrer dans sa vie et qui ne la laisse jamais en paix.

C'est dur pour elle d'avancer avec un passé si lourd.

Quand j'vois le mien qui est si petit et qui me pèse déjà tellement, je me dis que j'ai vraiment pas fini d'en chier...
De toute façon, j'ai peur des fantômes alors je les laisserai pas m'envahir.